Les premiers châteaux forts apparaissent vers l’an mille en lien avec la décomposition progressive de l’empire Carolingien et son éclatement.

Celui-ci est divisé entre les trois fils de Louis Le Pieux au traité de Verdun (843). Le dernier carolingien qui porte le titre d’Empereur, Charles le Gros (décédé en 888) est d’ailleurs l’époux de Sainte Richarde, fondatrice de l’abbaye d’Andlau où sont conservées ses reliques. Les châteaux forts se multiplient en Europe jusqu’à la fin du Moyen Âge.

En Alsace, bâtis en bois, terre et pierre sèche en plaine, ces premiers châteaux n’ont laissé que peu de traces à l’opposé de ceux de montagne construits tout de suite en pierre au moins en partie, ce qui n’interdit pas qu’il y ait aussi des bâtiments, à utilité essentiellement économique, en bois.  Ils montrent la domination du seigneur sur un territoire et sa capacité à le défendre.

Le château d’Andlau est l’un des très nombreux châteaux forts de montagne construits entre le XIIe et XIVe siècle dans les Vosges alsaciennes.

Charles-Laurent Salch dans son Dictionnaire des châteaux de l’Alsace médiévale paru en 1975 répertorie 445 châteaux dont 293 en plaine, 169 sont en montagne.

Il se dresse sur un sommet granitique, à 451 mètres d’altitude et domine les vallées d’Andlau et de la Kirneck. Il est constitué d’un long corps de logis qui se développe sur trois niveaux avec un donjon circulaire à chaque extrémité d’environ 8 mètres de diamètre et d’environ  25 mètres de hauteur.

Il est l’unique château alsacien à disposer de deux tours, ce qui le différencie du modèle des châteaux rhénan organisé autour d’une tour ou d’un donjon. Ces deux tours symbolisaient autrefois la puissance des nobles d’Andlau. Ce donjon dédoublé en deux tours rondes n’avait pas qu’un rôle symbolique. Elles avaient un rôle de défense particulièrement intéressant.  L’enceinte de la basse-cour étant implantée en retrait par rapport à l’une des tours, cette dernière avait pour mission de surveiller l’entrée principale du château.  La deuxième tour située à l’autre extrémité, permettait quant à elle de contrôler l’étroit couloir d’accès coupé de portes intermédiaires donnant accès au logis.

L’Alsace, tout comme d’autres régions germaniques, n’a pas connu cette forme architecturale du donjon à la fois forteresse et habitation.

Le donjon du château alsacien avait pour but de fournir aux défenseurs un poste d’observation élevé et en dernier ressort se réfugier, mais il ne constitue jamais l’habitation du châtelain. Les savants allemands ont donné à cette tour le nom de Bergfried, terme qui n’existe pas dans les textes alsaciens qui utilisent le mot « grosser Turm » ou « dicker Turm » /donjon.

Comme sur les tours d’ Andlau, le donjon n’a jamais de porte au niveau du sol. Haut-placée à une dizaine de mètres au-dessus de la cour, précédée d’une logette en bois, cette porte était reliée par une passerelle mobile au chemin de ronde de la courtine ou à un bâtiment et, en cas de danger, elle pouvait être facilement enlevée.

A la différence de nombreux édifices alsaciens, le château est construit en granit trouvé sur place, beaucoup plus résistant que le grès fréquemment rencontré sur beaucoup de châteaux forts alsaciens. En Alsace : 50 % d’entre eux sont construits en grès. Dans le Bas-Rhin cette proportion atteint 79%. Le château est situé sur le Silberberg, « mont d’argent », nommé ainsi à cause des affleurements de granit qui lui donnent sa couleur. Les pierres utilisées pour la construction furent extraites et taillées sur place. Les encadrements de portes, fenêtres en grès rose proviennent des affleurements proches.

Les murs du château sont construits à l’aide de pierres lisses. Les parois extérieures bénéficient des plus beaux parements. Il faut imaginer un château à l’apparence esthétique plus travaillée, la totalité du château enduite d’une couche de finition en crépi clair, l’encadrement des fenêtres peint… La pierre, matériau vulgaire à l’époque, qui n’a retrouvé ses lettres de noblesses qu’avec l’apparition au XIX e siècle du béton dans la construction, n’était pas destinée à être vue.

La première mention du château d’Andlau (l’actuel Haut-Andlau) remonte à 1274, mais l’on s’accorde à penser que sa construction se place entre 1250 et 1264.

Le constructeur est très certainement Eberhard d’Andlau. Les d’Andlau, Chevaliers du Saint Empire Romain Germanique sont une des familles les plus anciennes d’Alsace et ont marqué l’histoire de l’Alsace. Ce château est l’un de ceux comme celui du Spesbourg en face, à leur avoir appartenu.

Le château est construit comme un fort ou une caserne, mais c’est aussi la résidence du seigneur.
Le logis se développe entre les deux tours et comporte des salles basses munies d’archères (fentes longues et étroites pratiquées dans un mur pour tirer à l’arc ou à l’arbalète et de grandes cheminées).

Le château possède de nombreuses fenêtres gothiques en arc brisé, ainsi que des fenêtres à coussièges, ces bancs de pierre, aménagés dans l’embrasure d’une fenêtre. Ces fenêtres ont été créées au XVI siècle pour donner plus de lumière et de confort à une époque où les châteaux forts perdent de leur intérêt. Pour se chauffer au XIIIe siècle, des cheminées ont été construites dans certaines pièces du château. L’essentiel du chauffage se faisait néanmoins au moyen de poêles en faïence aussi appelés Kachelofe. Les vestiges de trois cheminées sont partiellement visibles à ce jour à l’intérieur.

Les châteaux forts sont des lieux de vie contraignants, voués à l’inconfort par leur isolement et leur exposition (altitude, pluie, froid). Quand ils sont en plaine ils se transforment et changent progressivement de peau. Quand ils sont en montagne comme celui d’Andlau ils sont délaissés pour des demeures plus adaptées au goût du temps. C’est le cas ici où un grand bâtiment Renaissance appelé La Seigneurie d’Andlau situé au centre de la commune d’Andlau est édifié à la Renaissance vers 1582 et habité par les comtes d’Andlau jusqu’en 1789. Rachetée en 2005 par la commune d’Andlau la Seigneurie accueille depuis la fin de 2013 un Centre d’Interprétation du Patrimoine.

L’ensemble de la basse-cour a subi des modifications au XIVe siècle, pour adapter le lieu à l’évolution des systèmes de défense.

Au XIIIe siècle on observe un système de défense dite verticale. Les défenseurs sont situés au niveau de la muraille du château, souvent postés dans les hourds, ces ouvrages en bois, dressés en encorbellement, c’est-à-dire en avant du plan vertical du mur de la forteresse, au sommet des courtines (partie de mur entre deux tours) donnant un angle très favorable à la défense.Cependant ce système défensif n’est pas infaillible ; nombreux sont les angles morts réduisant le champ de vision des défenseurs et favorisant ainsi l’assaut. Pour perfectionner ce système antérieur, on voit apparaître au XVe siècle une défense dite de flanquement. Les courtines sont agrémentées de tours de flanquement, comme on les voit au château d’Andlau. Ces tours permettent de tirer sur les côtés ou de face, par l’extérieur. Il n’y a pas d’angles morts, le défenseur est alors en position de force face à l’ennemi qui est facilement atteignable.

Le château d’Andlau survit aux temps politiques troublés du Moyen-Age marqué par de nombreux conflits souvent locaux à l’image du conflit avec la ville d’Obernai.

En 1438, les troupes de la ville d’Obernai s’en emparent nuitamment afin de capturer le châtelain (Burgmann) Thenie Lamprecht. Ce dernier, bourgeois d’Obernai, avait failli au serment qui lui interdisait de prendre du service ailleurs qu’auprès de la ville. Mais Thenie parvient à s’échapper et le château n’a pas été endommagé. Les sires d’Andlau ont porté plainte contre Obernai pour cette agression, mais le différend s’est arrangé à l’amiable.

Le château est endommagé à l’occasion du passage d’une grande partie de l’Alsace sous la domination française après le traité de Westphalie (1648) qui met un terme à la guerre de Trente Ans.

Pendant cette longue et terrible guerre (1618-1648) de nombreux châteaux forts alsaciens sont détruits ou très endommagés. Cette guerre eut des effets dévastateurs dans cette région située au carrefour de nombreux affrontements. Les combats et exactions pratiqués par les Suédois, Impériaux, Croates, Wallons et autres provoquèrent la ruine de nombreux châteaux à l’image du Haut-Koenigsbourg en 1633 ou de l’Ortenbourg incendié par les Suédois la même année.

En 1678, Louis XIV décide de la destruction de nombreux châteaux d’Alsace afin de réduire la puissance de la noblesse provinciale et d’empêcher que les châteaux redeviennent des places fortes difficiles à contrôler. Il ordonna au maréchal de Créqui, l’un de ses plus brillants officiers de détruire de nombreux châteaux. Certains subsistent mais sont reconvertis en forteresse militaire. Ce fut le cas par exemple pour le Lichtenberg dans le Nord de l’Alsace ou le Landskron dans le Sud, transformé par Vauban. L’aspect stratégique de sites, comme par exemple le Haut-Koenigsbourg, disparaît également avec la modification des frontières naturelles qui passent de la ligne bleue des Vosges à la ligne argent du Rhin qu’un Vauban constelle de forteresses. Au sud-est de Colmar, la citadelle de Neuf-Brisach construite en 1703 symbolise cette nouvelle orientation stratégique.
Le château d’Andlau est dévasté mais pas rasé.

En 1789, il est le seul château-fort d’Alsace à être toujours habité.

Il sert de résidence à un forestier garde-chasse au service de la famille d’Andlau. Le château reste aux mains des Comtes d’Andlau jusqu’à la Révolution. On dit même qu’en 1695, le garde-chasse Franz Ettighoffen, au service de la famille d’Andlau, a tué le dernier ours vosgien aux alentours du château. Clin d’œil peut être à la légende qui veut que Saint Richarde, patronne de la cité d’Andlau, ait vu un ange qui lui demandait de fonder une abbaye là où elle trouverait une ourse.
Il sort de la famille d’Andlau en 1801, il passe entre des mains successives. Il est acheté par un commerçant en 1805 qui, à partir de 1806, démantele le château afin d’en vendre les matériaux : boiseries, pierres…

A la Restauration, en 1818 Antoine-Henri d’Andlau rachète la ruine et sauve le château d’une destruction annoncée. Des travaux sont entrepris en 1859. Il est classé monument historique en 1926 et consolidé en 1927-1928 par une campagne de restauration lancée à l’initiative du Club vosgien.

En décembre 1998, un mur de l’enceinte s’écroule. Il témoigne de la détérioration avancée de l’édifice et de la nécessité d’intervenir ou de fermer le château. En réaction et pour apporter une solution à cette situation, Guillaume d’Andlau crée en 2000, l’association des amis du château d’Andlau. C’est le début d’une formidable aventure et d’une nouvelle vie pour le château d’Andlau. L’association assure aujourd’hui la gestion du site.

Pour plus d’informations sur l’histoire du chateau vous pouvez vous procurer le livre « Le château d’Andlau, hier et aujourd’hui » Si vous vous voulez plus d’infos sur des châteaux d’Alsace et leur contexte historique, consultez le site de l’association des châteaux forts d’Alsace.

Leur blason est d’or à la croix de gueules et leur devise « simplicité, fidélité ».